5.11.06

Droits humains

Même les hommes du roi parlent de répression au Sahara
Djamel B., Le Quotidien d'Oran, 05.11.06

Après des ONG internationales, des associations des droits de l’homme, des organisations estudiantines et des notables sahraouis, des députés européens et latino-américains, etc., la répression et l’atteinte aux droits de l’homme au Sahara Occidental ont été dénoncées cette fois-ci par un responsable du Conseil des notables sahraouis mis en place par le roi du Maroc.

Les déclarations d’El-Houcine Baïda interviennent à un moment où les thèses marocaines sur le Sahara Occidental ont, une nouvelle fois, été rejetées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Président de la commission des droits de l’homme au sein du Conseil consultatif royal des affaires sahariennes (Corcas), organisme désigné par le roi du Maroc en mars dernier, M. Houcine Baïda a affirmé que la situation des droits de l’homme au Sahara est aujourd’hui plus qu’inquiétante et l’Etat marocain assume une grande responsabilité. Le notable sahraoui, qui s’exprimait sur les colonnes du «Journal Hebdomadaire», a assuré que la majorité des Sahraouis souffrent de la dégradation des conditions sociales et surtout d’une répression démesurée.

M. Baïda dénonce en fait une répression à grande échelle qui justifie amplement la réaction hostile de la population sahraouie dans les territoires occupés. «Comment réagiriez-vous si on violait votre domicile dans l’illégalité, si on détruisait vos biens, vous matraquait devant vos enfants ?», s’est-il notamment demandé. «Même Israël ne se comporte pas ainsi. Nous sommes prêts à aider les autorités mais elles ne veulent pas», ajoute-t-il.

M. Houcine Baïda a d’autre part estimé que le rapport confidentiel du Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme comporte une importante part de vérité. Ce rapport, rendu public en octobre, qui avait été rejeté par le Maroc, avait qualifié la situation des droits de l’homme de préoccupante, particulièrement dans les territoires occupés. Le même notable a affirmé que l’expérience du Corcas est un échec, qualifiant son président Henna Ould Errachid de dictateur. M. Baïda souligne également avoir été tenu à l’écart de l’élaboration du projet d’autonomie que le Maroc veut présenter à l’ONU. «Nous ne savons rien de ce projet, rien sur son évolution».

Les déclarations d’El-Houcine Baïda, qui viennent remettre en cause les thèses défendues par le palais royal, interviennent une semaine après l’appel lancé par un parti marocain pour l’accélération du règlement de la question du Sahara Occidental par l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Le parti Ennahj Eddimocrati, qui avait dénoncé la violence policière contre les militants sahraouis, indique dans son bilan annuel sur la situation au Sahara Occidental que la violence et la répression sont devenues les seuls moyens (de l’Etat) pour faire face aux problèmes que connaît la région. Le parti marocain, qui a rappelé les manifestations de militants sahraouis violemment réprimées, les arrestations massives de militants, les violations de leurs domiciles, la torture et les jugements iniques durant cette année, en appelle au respect des libertés au Sahara Occidental et la mise en place d’un référendum d’autodétermination.

Il y a une dizaine de jours, une ONG marocaine de défense des droits de l’homme avait manifesté son inquiétude devant la détérioration de l’état de santé des détenus sahraouis, en grève de la faim dans trois prisons marocaines. Ces 11 militants sahraouis, dont des défenseurs des droits de l’homme détenus depuis au moins six mois dans les prisons, observent depuis juin dernier des mouvements de grèves cycliques pour leur regroupement et pour dénoncer leurs conditions de détention.

Mardi dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU avait réexaminé la question du Sahara Occidental et voté la prorogation du mandat de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara Occidental (MINURSO), pour une nouvelle période de six mois.

Une nouvelle fois, rejetant les thèses marocaines sur la question du Sahara Occidental, le Conseil de sécurité a adopté, à l’unanimité de ses membres, une résolution dans laquelle il a réaffirmé avec force le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination. Le Conseil rappelle à cet égard sa position qui est celle de la communauté internationale dans son ensemble concernant le règlement de ce conflit, à savoir que la solution doit assurer l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental.

En réaffirmant le droit fondamental du peuple sahraoui, cette résolution du Conseil de sécurité vient confirmer le vote intervenu dans le même sens, le 13 octobre dernier, au sein de la quatrième commission de l’Assemblée générale des Nations unies (Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation) et intervient au lendemain de la publication du rapport accablant du Haut Commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme, qui dénonce les graves violations dont se rendent coupables les forces d’occupation marocaines contre le peuple sahraoui.