22.1.07


Entretien exclusif du Chef d’état sahraoui
Le combat continue

Mohamed Khaled Drareni

La Tribune, Alger
10 Janvier 2007. Publié sur le web le 22 Janvier 2007

Trente-deux ans de lutte n’ont en rien ébranlé la détermination toujours intacte des militants sahraouis pour l’autodétermination.
Rencontré mercredi dernier à Alger, le premier de ces militants nous a de nouveau ouvert les yeux sur un combat valeureux que personne n’a réussi à faire taire. Sans dénigrer le Maroc, le président sahraoui Mohamed Abdelaziz abordera tous les volets de la vie politique et diplomatique qui rythme le quotidien des habitants de Tindouf et des territoires libérés. La situation humanitaire désastreuse et le manque cruel d’aides alimentaires seront abordés comme pour sensibiliser la communauté internationale sur le sort d’un peuple délaissé. De la bataille diplomatique ardue aux Nations unies ou dans les autres tribunes internationales, aux pressions exercées pour respecter un droit légitime, le président Abdelaziz ne laissera transparaître aucune faiblesse face à une diplomatie marocaine certes médiocre mais aidée par des Etats qui le sont moins.
C’est à ce sujet qu’il mettra l’accent sur les reniements et les reculades du Maroc face aux engagements pris durant le règne du roi Hassan II. La stratégie de Mohammed VI sera décortiquée, analysée et expliquée dans les moindres détails, et il est difficile d’y émettre des doutes. Face à toutes les médiations entreprises de par le monde, et à toutes les solutions négociées, le roi du Maroc persiste aujourd’hui dans sa politique isolationniste et clairement illégale. Au moment où la communauté internationale s’accorde à demander qu’un référendum soit organisé, le souverain attend toujours l’hypothétique solution politique qui balaierait du revers de la main les aspirations émancipatrices d’un peuple auquel le combat ne fait pas peur. Les Marocains doivent suivre aujourd’hui le chemin de la légalité et permettre au peuple sahraoui de choisir dignement son avenir. Il y va de leur crédibilité et de celle de l’une des plus vieilles et des plus respectables monarchies du monde. Face à l’éternel argument consistant à responsabiliser notre pays dans cette affaire de décolonisation, tous les chemins ne mènent pas à Alger, Votre Majesté.

Le président de la RASD: «L’autonomie est une marchandise périmée que Mohammed VI veut vendre à tout prix»

Courtois comme un vrai Sahraoui, Mohamed Abdelaziz, président de la République arabe sahraouie démocratique n’a usé ni de langue de bois ni de détour pour répondre à nos questions mercredi dernier à la résidence Djenane El Mithak. A son retour d’Amérique latine où il a assisté à la prestation de serment du président nicaraguayen Daniel Ortega et du président équatorien Rafaël Correa, et avant qu’il s’envole pour Tindouf, nous l’avons rencontré et avons pu avoir avec lui un entretien empreint de sincérité, et surtout de vérité

Q- Monsieur le Président, la crise humanitaire continue de menacer la population sahraouie avec la raréfaction des dons alimentaires. Où en est la situation aujourd’hui?
R - Tout à fait, il y a une véritable crise alimentaire aiguë dans les camps de réfugiés sur le territoire algérien, nous souffrons d’un manque cruel de denrées alimentaires. Je pourrais même dire que la situation est réellement alarmante. Depuis l’invasion marocaine de 1975, date à laquelle l’administration coloniale espagnole s’est retirée de façon anarchique, ces réfugiés attendent la décolonisation de leur territoire, une solution juste et un référendum d’autodétermination comme promis par les Nations unies.
Ce référendum est encore et toujours paralysé par le gouvernement marocain, mais il faut aussi reconnaître que la communauté internationale et que le Conseil de sécurité ainsi que les Etats influents n’ont pas exercé les pressions nécessaires sur le royaume du Maroc pour que ce dernier mette enfin un terme à la tragédie née de cette invasion. Il faut aussi se mettre à la place de ces réfugiés. Leur territoire national est en majorité occupé, le Maroc pille leurs richesses. A ce sujet, nous regrettons qu’un certain nombre de pays ainsi que l’Union européenne aient conclu des accords de pêche à travers lesquels le Maroc implique ces mêmes pays dans ce pillage. Donc d’une part, le Maroc entrave l’organisation du référendum et pille les richesses du Sahara occidental avec l’aide de quelques Etats et, d’autre part, il existe une grave crise de manque et même de rupture d’aides humanitaires pour les réfugiés.

Q- Qui est derrière cet arrêt des aides humanitaires ?
R- La politique marocaine est la première responsable, mais je pense que certains Etats exercent également quelques pressions sur des organisations internationales dépendantes de l’ONU, et sur des organisations humanitaires.

Q- Monsieur le Président, vous parlez de plusieurs Etats qui contribuent au «pillage» et à l’exploitation des richesses sahraouies, quel rôle pouvez-vous jouer pour mettre fin à cela ? et particulièrement en ce qui concerne les hydrocarbures ?
R- Au sujet des hydrocarbures et à ce jour, il n’y a pas d’exploitation pétrolière au Sahara occidental. Quelques compagnies ont conclu des accords avec le Maroc pour la prospection dans les eaux territoriales sahraouies, mais nous relevons que la plupart de ces compagnies ont résilié ces contrats. Un certain nombre d’entreprises américaines et norvégiennes notamment ont donc refusé d’être impliquées dans ce qui aurait ressemblé à une exploitation frauduleuse et de surcroît illégale des richesses sahraouies. Donc, sur ce sujet en particulier, il y a eu compatibilité parfaite avec ce que stipule le droit international. Mais ce qui nous inquiète et nous intéresse au plus haut niveau, c’est bien l’accord de pêche signé entre l’UE et le Maroc. Car ce dernier peut bien profiter de cet accord pour justifier le fait que des navires européens puissent pêcher librement dans les eaux territoriales sahraouies. C’est la raison pour laquelle nous appelons les Etats européens à ne pas appliquer cet accord, du moins en ce qui concerne les eaux territoriales du Sahara occidental, jusqu’à ce que soit trouvée une solution définitive à la question de la souveraineté de notre territoire.

Q- Mais quels sont les moyens de pression en votre possession pour empêcher ce que vous qualifiez d’exploitation?
R- La dernière décision juridique émise par le secrétariat général de l’ONU est on ne peut plus claire. Elle stipule que l’utilisation des richesses nationales sahraouies est un acte illégal jusqu’à l’autodétermination du peuple sahraoui. Cet élément est en soi un facteur de pression sur ces pays. Quelques parties ont aussi conclu des accords avec le Maroc, et se sont rétractées après avoir pris connaissance des règles stipulées par le droit international. Il est clair que l’UE a conclu ces accords avec le Maroc suite aux pressions exercées par les gouvernements espagnol et français.

Q- Monsieur le Président, la diplomatie sahraouie a enregistré dernièrement des avancées certaines avec l’adoption de trois résolutions (Assemblée générale, Conseil de sécurité et Commission de décolonisation). Que comptez-vous faire pour contrer le projet d’autonomie que compte présenter le Maroc?
R- Je vais revenir un peu en arrière. Depuis la fin des années quatre-vingt et le début des années quatre-vingt-dix, le plan de règlement était basé sur la résolution 104 adoptée par l’OUA en 1984, et il était basé aussi sur l’accord conclu entre le Maroc et le POLISARIO; et l’Assemblée générale de l’ONU ainsi que l’ensemble des institutions internationales se sont mises depuis à étudier la crise sahraouie sur la base de ces accords. Depuis la disparition du défunt roi Hassan II et l’arrivée du nouveau pouvoir au Maroc, nous avons assisté à une véritable reculade et à un reniement de tous les engagements du Maroc en ce qui concerne la recherche d’une solution au Sahara occidental. C’est pourquoi, cette question a été soumise au vote de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies une première fois en 2004. Les amis de l’autodétermination, les amis de la légalité internationale et les amis de l’expression libre et démocratique ont appuyé le droit du peuple sahraoui à choisir lui-même son avenir à travers une consultation référendaire libre et démocratique. Le gouvernement marocain s’est opposé à cette décision, tandis que cinquante Etats l’ont approuvée. Deux ans plus tard, c’est-à-dire en 2006, le nombre des Etats ayant voté en faveur de ce même texte est passé de 50 à 70. Aucun Etat, je dis bien aucun Etat n’a voté contre. Nous pensons qu’il y aura plus de pressions sur le gouvernement marocain, au niveau de l’Assemblée générale ou du Conseil de Sécurité, ou même au sein des Etats. Le cas de l’Afrique du Sud est un exemple en soi. Pretoria a reconnu la RASD (République arabe sahraouie démocratique) surtout du fait que le Maroc ne voulait pas appliquer le référendum d’autodétermination. Nous nous attendons aussi à ce que la communauté internationale exerce des pressions sur le Maroc pour qu’il mette fin à ses agissements contre les droits de l’Homme dans la partie occupée du Sahara occidental et devant son refus d’autoriser des délégations étrangères de visiter ces territoires.

Q- Face aux succès incontestables de la diplomatie sahraouie, ne pensez-vous pas, Monsieur le Président, que le fait que certains Etats aient retiré leur reconnaissance de la RASD puisse affaiblir votre position? Est-ce un échec pour vous?
R - Certains Etats ont suspendu leur reconnaissance de la République sahraouie, mais je pense que c’est très relatif face aux autres pays qui ont choisi, eux, de reconnaître l’existence de la République arabe sahraouie démocratique. Ce que je peux vous assurer, c’est que le Royaume du Maroc doit comprendre et déduire comme il l’a fait durant le règne du roi Hassan II, que c’est une affaire de décolonisation, et qu’elle ne sera réglée qu’en respectant le peuple sahraoui et son droit inaliénable à l’autodétermination. Le fait qu’un Etat retire sa reconnaissance, ou que des militants et des citoyens sahraouis soient arrêtés, ou les liquidations physiques de certaines personnes ne pourront pas nous ébranler. La résistance sahraouie se poursuivra sur tous les fronts diplomatique et populaire.

Q- La bataille diplomatique est rude?
R- Bien sûr qu’elle est rude. L’indépendance d’un peuple colonisé n’est pas facile à arracher. Il faut qu’il y ait des sacrifices humains et financiers.

Q- Et selon vous, Monsieur le Président, cette bataille tourne-t-elle au profit du Maroc ou au vôtre?
R- Nous disons que, puisque les Nations unies considèrent notre combat comme une affaire de décolonisation et qu’elles reconnaissent le doit de notre peuple à tracer son chemin et à choisir son avenir, et que jusqu’à cet instant aucun Etat au monde ne reconnaît la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental…

Q- Même le Koweït ?
R- Même le Koweït.

Q- Le 13 décembre dernier, lors de sa dernière visite au Maroc, cheikh Sabah Al-Ahmad Al Jaber Al Sabah a bien déclaré que son pays reconnaissait la souveraineté du Maroc sur tout le territoire sahraoui…
R - Lors du dernier vote à l’Assemblée générale, le Koweït s’est abstenu.

Q- Mais il n’a pas voté pour…
R- Oui, mais ne pas voter pour le texte ne signifie pas voter pour le Maroc.

Q- Comment expliquez-vous, Monsieur le Président, le fait que 91 Etats se soient abstenus lors de ce vote à l’Assemblée générale de l’ONU ?
R- Je le répète, ce vote a été un succès du moment que le Maroc n’a trouvé aucun Etat pour voter contre cette résolution. Aucun Etat n’a voté contre. Et le Maroc utilise cette appréciation particulière du vote pour tromper le citoyen marocain. Ses dirigeants mentent ouvertement à leur peuple. Ils lui disent que les pays abstentionnistes soutiennent le Maroc, ce qui est absolument faux. Ils mentent à leur peuple depuis 1975. Notre rôle est de dévoiler la vérité. Il ne faut pas oublier non plus que tous les Etats abstentionnistes ont justifié leurs abstentions. Je voudrais, si vous me le permettez, vous ramener un peu en arrière et vous faire une comparaison entre ce qui s’est déroulé en 2004 et ce qui s’est déroulé en 2006. En 2004, 50 Etats ont voté en faveur de ce texte, tous les Etats membres de l’UE s’étaient alors abstenus. En 2006, le texte a été adopté par 70 Etats, et parmi eux beaucoup de pays européens. A cette occasion, il faut bien dire que les gouvernements français et espagnol ont été mis à nu. La Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, la Suède et bien d’autres ont approuvé cette résolution de l’Assemblée générale.

Q - Monsieur le Président, Kofi Annan n’a pu imposer la décolonisation du Sahara occidental, quelles sont, selon vous, les chances de son successeur Ban Ki-moon?
R - Le roi du Maroc Mohammed VI a malheureusement commis beaucoup d’erreurs en ce qui concerne sa gestion de l’affaire du Sahara occidental. Et il a raté beaucoup d’occasions importantes pour lui et pour toute la région. Des occasions précieuses comme ce qui lui a été légué par son père Hassan II, que Dieu ait son âme, tel l’engagement marocain à respecter le plan de règlement de 1991 qui stipulait l’organisation d’un référendum d’autodétermination libre et démocratique. Il n’a pas tenu l’engagement de respecter l’aboutissement des négociations entre le Maroc, le POLISARIO et l’ONU à Houston. La communauté internationale aussi était optimiste quant à un règlement rapide de la question sahraouie. Elle avait, depuis, décidé d’accompagner les deux parties pour aboutir à un règlement définitif.

Q- L’autre occasion ratée a aussi été celle qu’offrait le plan Baker de juillet 2003.
R - Avec toutes ces occasions ratées, le nouveau roi doit assumer une responsabilité dangereuse qui consiste à compliquer les relations entre le Maroc et le peuple sahraoui. Et il rate aussi une occasion précieuse d’édifier le Maghreb et d’en faire profiter son propre pays. Il se contente aujourd’hui d’exhiber une marchandise périmée que personne ne veut acheter, ni les Sahraouis ni la communauté internationale. Cette marchandise périmée qu’est l’autonomie interne, les Sahraouis ne l’ont pas achetée par le passé, ils ne l’achèteront pas aujourd’hui, et ils ne l’achèteront sans doute pas demain.

Q- Que peut faire, d’après vous, le nouveau secrétaire général des Nations unies ?
R - M. Ban Ki-moon trouvera sans doute beaucoup de dossiers sur son bureau, l’un d’entre eux sera évidemment celui du Sahara occidental. Une affaire, dirais-je, simple et claire par rapport à beaucoup d’autres. C’est une affaire de décolonisation que seules les urnes pourront régler. Et les Nations unies se sont beaucoup investies pour aboutir à cette opération référendaire. Elles sont présentes depuis 1991 et fournissent des efforts exceptionnels pour régler la situation dans la région.

Q- Monsieur le Président, vous avez à maintes fois évoquée une possible reprise des armes pour vous faire entendre si la situation restait bloquée sur le terrain. Maintenez-vous cette menace? Et l’Algérie appuiera-t-elle, selon vous, une telle éventualité de reprise du conflit armé?
R- Nous avons la légitimité de la lutte. Et les Nations unies approuvent la lutte des peuples pour leur liberté du moment que cette lutte est légitime et vise à aboutir à l’autodétermination. Mais la lutte armée n’est pas un but en soi. Le but est l’autodétermination du peuple sahraoui. La lutte armée est un droit garanti. Nous espérons que personne ne nous contraindra à revenir à la lutte armée. Mais en l’absence de la disponibilité du Maroc et du manque de pressions internationales, nous préserverons notre droit inaliénable à reprendre les armes. En ce qui concerne l’Algérie, je pense qu’elle est attachée à la légalité internationale et au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Il est de la responsabilité de l’Algérie et de la responsabilité de tous les Etats du monde à nous soutenir pour que nous parvenions à notre objectif.

Q- Monsieur le Président, lors de la dernière visite de José Luis Zapatero à Alger, Abdelaziz Bouteflika lui a rappelé la responsabilité de l’Espagne dans la question sahraouie. En dépit de cela, le Maroc continue d’impliquer l’Algérie et de lui faire porter la responsabilité du blocage de l’UMA. Qu’en pensez-vous?
R - Le royaume du Maroc utilise cet argument depuis 1975. C’est une façon pour lui d’éclipser la crise qu’entretient ce pays avec son peuple. Il y a aujourd’hui une véritable lutte entre les citoyens sahraouis et les autorités coloniales marocaines. Ils sortent désarmés en n’emportant avec eux que des drapeaux sahraouis pour faire entendre leurs voix. Comment peut-on après tout cela faire dire que l’Algérie est une partie de ce conflit? Est-ce l’Algérie qui est partie prenante des manifestations qui sont organisées à Dakhla, à Laayoune ou à Smarra? Est-ce que ce sont les forces algériennes qui séparent les forces de l’ONU et les forces armées marocaines? Par ces accusations, ils visent l’opinion publique intérieure. L’histoire qui consiste à impliquer l’Algérie est une histoire purement marocaine, qui n’a plus aucun sens aujourd’hui. Nous avons été en lutte contre l’Espagne, et ce pays ne reconnaît pas cette thèse de l’implication algérienne. Nous avons été en guerre contre la Mauritanie, nous avons depuis conclu la paix avec elle, elle nous a remis les territoires qu’elle annexait et elle reconnaît la RASD. L’Algérie est notre voisin, et le voisin du Maroc, et elle a assumé pleinement sa responsabilité dans la défense de la légalité et du droit international.

13.1.07

'Nuestro' Sáhara y el de 'los otros'

TRIBUNA LIBRE de ALI LMRABET
EL MUNDO. 13/01/2007

Existe una falsa creencia según la cual los saharauis están divididos en dos bandos irreconciliables: entre pro y anti marroquíes. Este credo, fruto del desconocimiento de la realidad sociopolítica del Sáhara Occidental, pero también de un cierto reclamo político por parte de un grupo de saharauis en busca de protagonismo, ha sido recientemente recogido por el catedrático de la Universidad Autónoma de Madrid, Bernabé López García, en un artículo de prensa titulado: «Nuestros saharauis y los otros».

La idea defendida por López García, que es bastante cercana a una tesis de moda en Marruecos, asegura que la sociedad española ha apoyado incondicionalmente durante décadas a los refugiados saharauis de los campamentos de Tinduf, ignorando al grueso de la población saharaui que sigue residiendo en la antigua colonia española y que no es propensa a lanzarse en aventuras independentistas. Para decirlo claramente, como subraya el catedrático, ¿por qué continuar haciendo del polisario el «único y legítimo representante» de los saharauis cuando existen otras voces?

Es difícil replicar sin vacilaciones a Bernabé López García, que fue nuestro mentor en temas relacionados con el Sáhara cuando, a finales de los años 90, un grupo de jóvenes periodistas marroquíes intentábamos abordar sin prejuicios ni tabúes este sensible conflicto. Pero hay que hacerlo, en nombre del libre debate democrático; y, desgraciadamente, no desde Marruecos, donde es casi imposible evocar el tema sin tener que envolverse en la bandera nacional, sino desde una publicación española.

Hay que decir, en primer lugar, que nuestro eminente y estimado catedrático tiene toda la razón cuando asegura que no todos los saharauis consideran al Frente Polisario como su legítimo apoderado. El tribalismo (una palabra proscrita por decreto en el mundo polisario) y el recelo de una parte de la población saharaui hacia la tribu de los Erguibat que controla los principales puestos de mando del movimiento independentista, tienen algo que ver. Pero la reflexión de Bernabé López no va más allá de una mera constatación, y no explicita su tesis. Hubiera sido interesante, por ejemplo, que el estudioso madrileño nos dijera quiénes son esos otros representantes legítimos de los saharauis y dónde reside, justamente, su representatividad.

Hubiera sido, además, instructivo saber un poco más sobre esa mítica masa saharaui pro marroquí que, según Rabat, está convencida de que el conflicto es superficial y de que es obra de unos cuantos mercenarios pagados por Argelia. No hace falta añadir que, si todo esto fuera cierto, los amigos y turiferarios de Marruecos (que los hay también en España) deberían animar a las autoridades de mi país a organizar rápidamente, bajo la supervisión de la ONU, un referéndum de autodeterminación para que nuestros saharauis puedan proclamar al mundo que nos quieren, que hacen suya nuestra bandera, y que están orgullosos de nuestro glorioso Ejército y temerosos de la perdida del más mínimo grano de arena de nuestro querido desierto.

Pero los marroquíes que queremos a nuestro país desde una pasión diferente al nacionalismo patriotero fomentado por el Ministerio de Interior sabemos que la realidad no se encuentra en los informativos de televisión, ni en las falacias publicadas por nuestra prensa desde hace más de 30 años. Si pasamos por alto a una cierta clase dirigente saharaui que se puede tachar de giratoria, ya que se acomodaría con cualquier poder, y si hacemos poco caso de los antiguos polisarios recuperados por Marruecos, y que se han convertido oportuna y ruidosamente en azote de sus ex compañeros de lucha, hay que ser ciego para no darse cuenta de que si no todos los saharauis son forzosamente pro Polisario, lo que es evidente es que son antimarroquíes e independentistas.

Y aunque seguramente no tienen una idea clara de lo quieren, ven su futuro sin Marruecos, ya que 30 años de represión y de negación de la existencia de un pueblo y de una cultura saharauis han producido exactamente lo contrario. Hoy, cuando se visita el Sáhara, nos topamos con dos tipos de habitantes. El primero ha conocido la colonización española y se acomoda prudentemente con la presencia marroquí, por oportunismo político o económico. Y el segundo es el joven rebelde, nacido en el seno de la madre patria marroquí, y cuya identidad nacionalista se ha forjado en las salas de tortura de las comisarías. Si la edad y la mentalidad separa a estos dos tipos de saharauis, su antimarroquismo y su obstinada convicción en tener un futuro sin nosotros -aunque no sea bajo la bota del Polisario-, los une irremediablemente. Y a nada sirve creer que haciendo actos de contrición o jurando que el plan de autonomía traerá en sus maletas jugosos regalos va a cambiar algo en esas mentalidades. En el desierto, tanto los rencores como los reconocimientos son valores seguros.

Durante un reciente periplo por el Sáhara, fui accidentalmente presentado a un grupo de saharauis supuestamente pro marroquíes. Un próspero y viejo jeque de tribu -que esa misma mañana berreaba con ferocidad en la pista de aterrizaje del aeropuerto de El Aaiún los obligados Aacha el malik (¡Viva el rey!) y se impacientaba por besar la mano del soberano en visita oficial en la zona-, me bombardeó durante una hora con un discurso independentista no muy diferente al del Polisario, y al límite de la xenofobia. Su vecino, un ex oficial saharaui del Ejército marroquí, animaba a su hijo, independentista, a perseverar en «sus acciones», porque eso permitía a la familia beneficiarse por parte del Estado de un bienestar desconocido en Marruecos por su fingido apego a las tesis unionistas.

«Lo que se dice fuera, no es lo que se piensa dentro», dejó caer con una sonrisa el hijo del militar. Esta escena, desconocida e incongruente para el marroquí medio, es la evidencia de que tanto Hasán II como Mohamed VI han fracasado en su política de marroquinización de las mentes y corazones saharauis, bastón para los enardecidos y generosas prebendas para los supuestos convencidos. Si no podemos contar con los que se benefician de nuestra presencia en el Sáhara y se nutren de nuestros obligados sacrificios, ¿qué hay que esperar del resto de la población?

Y por una vez, las autoridades marroquíes conocen esta realidad. Por eso se aferran a su negativa de no permitir un referéndum de autodeterminación que les daría un mortal sobresalto; y no tienen la intención de confiar la llave del conflicto a los saharauis, aunque sean los nuestros. Prueba de ello es cómo se elaboró el plan de autonomía que Marruecos va a presentar próximamente a Naciones Unidas. Oficialmente, fueron todos los miembros del CORCAS (Consejo Real Consultivo para los Asuntos del Sahara) los que pensaron y confeccionaron el texto. Oficiosamente, sólo un reducido grupo comandado por el presidente del CORCAS, Jali Henna Uld Rachid, y custodiado por un grupo de expertos españoles y franceses (para que no vayan lejos), elaboró un texto que fue varias veces rechazado por el Ministerio del Interior.

Esto debería hacernos reflexionar sobre nuestra presencia en el Sáhara y sobre lo que tendríamos que ofrecer a los saharauis para que soporten vivir -si España y la comunidad internacional los abandona- bajo nuestra sombrilla. Si estuviéramos realmente en un país en transición democrática, como cantan los Chirac, Zapatero y Bush (por una vez de acuerdo), deberíamos abrir un debate nacional sobre el conflicto, permitiendo a quien quiera expresar sus ideas exponer sus propuestas y, ¿por qué no?, su malestar.

Seguramente nos enfadaríamos unos con otros, pero algo saldría de ese arduo e inédito debate. Por ejemplo, proponerles una autonomía a la española dentro de un país regido por una democracia no adulterada, o, si los saharauis no están convencidos de nuestras intenciones, permitirles que acudan al inevitable referéndum.

Pero vivimos en un país donde la Monarquía se ha apropiado de la gestión del conflicto, lo ha amarrado a su trono y ha amenazado a la nación de un homérico diluvio si por desgracia se perdiera el Sáhara. Un país donde el régimen impone el silencio a los disidentes, enjuicia a los malos pensadores, considerados «traidores» a la patria y al consenso nacional, e instaura como verdad absoluta el pensamiento único en todo lo referente a la integridad territorial.

Hoy en día, nadie en Marruecos puede atreverse, no a cuestionar que es mucho, sino a reflexionar sin restricciones sobre un conflicto que ha empobrecido económicamente a los marroquíes, frenado su desarrollo y desactivado para mucho tiempo los partidos políticos, convertidos en altavoces y portavoces del régimen, en guardianes del dogma oficial. El progresista marroquí que entiende y apoya la legítima reivindicación de los palestinos para tener un Estado se convierte en un intolerante incapaz de abrir un debate argumentado con un independentista sobre esta cuestión. Como si los principios y los preceptos universales que nos sirven para defender causas ajenas no tuvieran la misma validez moral cuando se trata de aplicarlos en nuestra propia casa.
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Respuesta al articulo de Bernabé Lopez por Hamdi Sidahmed Ahmed en Opinion/ARSO y otr@s anteriores.

12.1.07

Dakar

Le Rallye Dakar passe par un pays occupé.

ABC Startsiden/Neste klikk, Norway
11.01.2007
Texte : Anne Thorhild Nilsen et Radmund Steinsvag.

Aujourd'hui le Cirque du Dakar passe à plein gaz par le Sahara Occidental, état du désert occupé. La situation grave des droits de l'homme dans la région n'est pas un sujet, ni pour les organisateurs, ni pour les sportifs, ni pour les journalistes visiteurs.

L'étape du jour va de Tan Tan au Maroc, passe par le Sahara Occidental et finit en Mauritanie. Une grande meute de journalistes suit de près ce cirque gigantesque. Le nombre des journalistes présent dans la région aujourdhui est beaucoup plus grand que le nombre de ceux qui viennent au cours de plusieurs années pour couvrir le conflit politique. Néanmoins, le Sahara Occidental est un sujet non-existant quand on parle de l'étape du jour, pour les journalistes et pour les organisateurs. A part le fait que le pays est indiqué sur la carte qui montre l'itinéraire, le Sahara Occidental n'est pas mentionné par un seul mot sur le site officiel du rallye.

Le président du Comité Norvègien de Soutien au Sahara Occidental ( Støttekomiteen for Vest-Sahara), Ronny Hansen, pense que c'est parce que les organisateurs veulent éviter de faire du bruit.

Quand ils ne mentionnent pas le Sahara Occidental comme un pays particulier, ils évitent de provoquer le Maroc qui considère le pays comme le sien. Quand ils ne mentionnent pas le Sahara Occidental en parlant du Maroc, ils ne provoquent pas le mouvement de la libération du Sahara Occidental, le Front Polisario. Les organisateurs essaient d'éviter des propos et des mentions qui provoqueraient des protestations. Ils ont vu avant que, aussi bien le Polisario que la force d'occupation, le Maroc, réagissent fortement à la façon dont on définit et parle du pays, dit Hansen.

Une situation plus difficile.

(Photo: La situation au Sahara occidental est très tendue depuis plusieurs années. Ici d'une manifestation contre les autorités marocaines au Sahara Occidental. Photo: Anne Torhild Nilsen et Radmund Steinsvag)

La situation des droits de l'homme au Sahara Occidental s'aggrave de nouveau cette dernière année. Ceux qui demandent ouvertement l'indépendance, sont de plus ménacés pour qu'ils se taisent. Des activistes des droits de l'homme locaux racontent qu'il y a des agents de police et des militaires à chaque coin de rue et que des gens sont battus chaque jour. Mais la torture, le harcèlement et les emprisonnements illégaux ne suffisent pas pour faire agir les pays occidentaux. Ceci mène à un désespoir et un découragement grandissants dans la population. Des jeunent qui jusqu'à maintenant ont manifesté contre l'occupation, s'enfuyent aux îles Canaries.

La plus grande part de la population habite toujours dans les camps de réfugiés en Algérie. Ceux qui restent, vivent en tant que minorité dans leur propre pays. Aucun pays, aucune institution ne désire imposer par la force la libération de la dernière colonie de l'Afrique.

Évite la panique.
La région par laquelle passent Pal Anders Ullevalseter et les autres participants du rallye aujourd'hui, est contestée depuis plus de 30 ans. Ullevalseter a indiqué le Sahara occidental comme un des pays par lesquels passe le rallye sur son site, mais il ne veut s'exprimer à aucun niveau sur le conflit ou les violations des droits de l'homme dans la région, selon sa responsable de presse Solveig Vage Ullevalseter,

- Nous avons indiqué le Sahara Occidental comme un des pays par lesquels Pal Anders passe parce que nous voulons montrer l'itinéraire du rallye. Nous soutenons la politique du ministère [norvégien] de l'extérieur, c'est la seule chose que nous voulons dire en ce qui concerne le conflit. Pål Anders est un sportif, pas un homme politique, dit Ullevalseter.

Ronny Hansen du Comité de Soutien comprend que le sportif ne veut rien dire. Il est plus déçu qu'aussi peu de journalistes s'intéressent et s'attaquent au conflit politique. Mais Hansen demande aux participants ainsi qu'aux organisateurs de prendre en considération qu'une des étapes est située dans un pays occupé.

Un peuple chassé
Les organisateurs et les participant doivent être conscients du fait qu'ils passent par un pays qui est sous occupation militaire et dont la plupart de la population est éxilée dans des camps de réfugiés dans le désert algérien. La direction du Rallye Dakar doit chaque année s'assurer que le Polisario accepte que la course passe par leur pays et que cela se passe d'une façon qui ne donne pas de légitimité à l'occupation. Après tout, le rallye se passe en collaboration avec les forces militaires de l'occupant. Les organisateurs n'en ont pas été assez concients les années précédentes, mais ceci s'est amélioré. Il pense aussi que les organisateurs doivent traiter le Sahara Occidental comme les autres pays et payer au Polisario une taxe équivalente à celle qu'ils paient aux autres pays où passe le rallye.

Une telle contribution serait une aide importante aux réfugiés qui habitent depuis plus de 30 ans dans des camps de tentes en Algérie et qui ont besoin de tout, dit Hansen. Personne de la direction du Rally Paris-Dakar n'a répondu ces derniers trois jours quand on leur a demandé de s'exprimer sur le conflit du Sahara Occidental.

Traductions par le Comité Norvègien de Soutien au Sahara Occidental/ Sahara Update
Original en Norvégien: "Rally Dakar gjennom okkupert land"
Version en anglais: " Rally Dakar passes through an occupied country"